N’était-il pas provocateur de parler de raisons d’espérer dans le contexte de 2012 ? Les témoignages que le Forum d’Avignon a reçu par centaines avant et pendant le Forum 2012 ou de soutiens notamment après sa tribune ‘La culture pour sortir de la crise’ parue dans Le Monde du 4 décembre 2012 et celles du HuffingtonPost, de Evene, de Terrafemina, de Cineuropa, de Labkultur, … ont montré qu’espérer ne se réduit ni à un thème de débat aussi interactif fut-il, ni une formule. Elles constituaient un ressort mobile et partagé de la vocation initiale du Forum d’Avignon sur les liens féconds entre culture et économie.
Pour cette nouvelle année 2013, le Forum d’Avignon propose sans prétention de révolution, quatre raisons d’espérer, porteuses d’énergie et de transformation entre la culture et l’économie :
- Une raison sectorielle et territoriale : la vitalité de l’ambition muséale : même si l’archétype issu des Lumières est remis profondément en question (sur son usage, son contenu, ses finalités… et son financement) par une instrumentalisation abusive de ses finalités (prestige, acculturation…), le Louvre à travers l’inauguration du Louvre Lens, et la création d’un huitième département dédié aux Arts de l’Islam a montré en 2012 que la fonction muséale restait encore fertile. Contre les tentations de récupération, le Louvre revendique un regard humaniste sur une civilisation trop réduite à sa religion conquérante ou de donner un espace à vivre l’art à une région meurtrie dans sa reconverson industrielle. Le musée physique - paradoxalement incarné par le plus emblématique d’entre eux - bousculé par ses avatars -virtuels ou imaginaires- prouve qu’il peut se regénérer en ‘phare’ tel que l’avaient imaginé les encyclopédistes, projetant un halo de sens sur un patrimoine qu’il ne cesse d’interroger, redessinant les traces – et pas seulement en bits - que l’humanité pourrait laisser et partager. L’heure de vérité pour les musées asiatiques et moyen orientaux est arrivée. A nous de l’observer.
- Une raison économique : l’effervescence du financement participatif : utilisé à toutes les sauces au sens propre (depuis le financement de fromageries à l’achat de trésors nationaux), suscitant la perplexité des experts comptables de tout poil tant son utilisation semble être devenu le recours à la mode, le ‘crowdfunding’ tient pourtant ses promesses de financement populaire et collaboratif. C’est une bouffée d’empathie dans un contexte où les financements sont raréfiés. Il reste à notre sens à mieux encadrer – paradoxalement à la sortir de la responsabilité de l’AMF en France – pour en faire permettre à la société civile de prendre davantage part à de projets culturels qui appelent son adhésion, son bouche à oreille et en dernière analyse à son financement. L’Europe en comprenant que ce mode de financement fait appel autant au sens des responsabilités que de l’apprentissage de l'investissement philanthropique culturel des citoyens devrait l’intégrer dans le cadre de la révision du Small Business Act Européen et promouvoir sa pertinence populaire.
- Une raison de développement de la diversité culturelle : l’émergence d’une terre du milieu créative au-dela de la métaphore utopiste des Hobbits imaginée par Tolkien, une diversité créative à l’œuvre au cœur des industries créatives entrevue par Bain & Cie pour le Forum d’Avignon 2012. Si les blockbusters restent plus que jamais nécessaires dans un écosystème de l’offre, des œuvres intermédiaires accèdent désormais plus facilement à leurs audiences cibles. « En abaissant les barrières historiques à la création et à la distribution, le numérique offre à un large public des expériences nouvelles ou peu diffusées aujourd’hui. Ce rééquilibrage progressif, observé de longue date, devrait être prolongé par les nouveaux prescripteurs, notamment les communautés sociales en ligne, qui ont démontré leur capacité à faire accéder des contenus ciblés à de larges audiences, de façon virale ». La génération des 15/25 ans a bien compris cette réalité en ne se contentant plus de consommer ou de partager le digital, mais de créer avec les outils digitaux à leur disposition ce qui sera la (leur) culture de demain. Intuitivement, ils nous font comprendre que le développement créatif participe au dévelopement durable et que l’agenda ONUsien devrait bien en tenir compte.
- Enfin, un espoir à nourrir tous ensemble : L’Europe de la culture. « « Le brassage peut accélérer le renouvellement des idées, et la coopération internationale joue un rôle de premier plan, y compris pour dynamiser des cultures locales. Dans sa tribune du 18 décembre parue dans le Monde, Irina Bokova, directrice de l’Unesco, rappelant que la valorisation de sa diversité culturelle constitue une chance pour l’Europe, nous suggère la voie. « A l'heure où le monde cherche à concilier croissance rapide, durable et inclusive, il n'est pas étonnant que plusieurs pays – notamment émergents – misent sur le capital humain de la culture et de l'éducation pour y parvenir. Quand le nouveau président du Mexique déclare vouloir se positionner à l'avant-poste de la culture hispanophone, le président de l'Indonésie répond que la diversité culturelle est la première source d'innovation du pays. Un mouvement est en marche : quel rôle l'Europe veut-elle y jouer ? » Convaincu qu’il est urgent de placer la culture au cœur du projet européen le Forum d’avignon contribuera avec des propositions à renouer avec l’esprit visionnaire des pères fondateurs du Traité de l’Elysée. Il est nécessaire de continuer à espérer des Européens… et à les faire espérer !
Le Forum d’Avignon vous souhaite ses meilleurs vœux pour 2013
Laure Kaltenbach et Olivier Le Guay, Forum d’Avignon
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