La réunion de l'ASEF (ASIA-EUROPE Foundation) à Hanoï les 4 et 5 décembre 2013 - où le Forum d'Avignon est intervenu - a permis aux acteurs culturels d’Asie et d’Europe de constater la dynamique de l’économie créative et ses limites pour les populations, faisant émerger une ‘écologie créative’.
Si mesurer n'est pas agir, les chiffres ont une vertu : interpeller. La récente avalanche des statistiques sur l’économie créative* a confirmé son impact positif dans l’économie mondial, que se soient en termes d’exportations (624 Milliards de dollars au niveau mondial en 2011 avec un doublement en 10 ans), de poids dans le PNB (entre 3,5 et 13% selon les pays, voire selon les régions notamment en Chine), enfin en emplois réels - et potentiels – (augmentation constatée dans tous les pays représentés à la réunion ASEF).
Définir les contours de l’économie créative. Rasmus Wiinstedt-Tscherning, Président de l'Alliance des industries créatives européennes et Dorota Nigge, représentante de la commission européenne, mais aussi la Fondation du Japon et le Forum d'Avignon ont insisté sur l'effet d'entrainement positif de la culture et des industries créatives sur l'ensemble de l'économie - et leur impact concret pour les populations. Au point que la synergie entre la culture et ses industries apparait, pour Peter Inkei, Directeur du Budapest Observatory comme ‘une formule magique’, en reconnaissant que beaucoup reste à faire. L’ensemble des participants des rencontres de l’ASEF est cependant conscient de la nécessité de mieux délimiter le concept d'économie créative pour faciliter les mesures et les comparaisons internationales : mode, gastronomie, tourisme - parfois même le sport - sont inclus selon les différents pays.
L’enjeu des politiques culturelles. Les échanges nourris entre les acteurs culturels d'Asie et d'Europe ont permis de faire un tour rapide des politiques culturelles, des industries créatives et des pistes de développement pour l'économie créative, des Philippines au Danemark, en passant par la Corée et la Finlande. HO Anh Tuan, le ministre de la culture, des sports et du tourisme du Vietnam a ainsi dévoilé sa stratégie à horizon 2030 pour le développement des industries culturelles du pays. La volonté affichée de la République socialiste est de passer d'une logique d'industries manufacturières à une société de services fondée sur l'économie créative incluant le tourisme, avec le soutien de l'Unesco et du British Council.
Le Tout ‘économie créative’ suscite des interrogations légitimes. Les questions de la régulation publique – de la définition et du respect des cadres juridiques aux mesures pour soutenir la diversité culturelle – mais aussi le rôle de l'éducation, de la propriété intellectuelle - apparaissent cruciales dans un marché mondial aux frontières devenus floues à cause et grâce au numérique. Les performances économiques des industries créatives interpellent aussi les bénéficiaires (Etats, régions, multinationales, consommateurs…) de cette création de richesses et leurs capacités réelles à transformer un potentiel en réalité économique durable pour les populations. Un participant vietnamien a ainsi émis des doutes sur la capacité du Vietnam à mettre en œuvre concrètement une stratégie fondée sur l’économie créative, prenant l'exemple de l'échec récent dans le secteur automobile.
D’autant que la question des financements des projets, pourtant centrale, n'est finalement peu abordée : entre le micro financement de projets en Inde et le financement total par les pouvoirs publics au Vietnam, le rôle des entreprises privés et de leurs clients semble lointain.
L'écologie créative : une réponse aux critiques "au delà du PNB".
Si l’économie créative se contente au final de reproduire les travers de l’économie c'est-à-dire sans intégrer une dimension de cohésion sociale et de responsabilité des individus, elle se banalisera comme un secteur économique comme les autres. Concilier culture et sociétal : tel serait le futur proche des acteurs culturels pour développer une ‘écologie créative’, respectant la diversité et la pluralité des écosystèmes culturels, avec l’ambition de mesurer et de valoriser son ‘empreinte culturelle’ pour les générations à venir. Cet outil de mesure nourri d’indicateurs qualitatifs et quantitatifs -étudié par le Forum d'Avignon depuis 2009- s’inscrit dans la droite lignée des travaux de SEN-STIGLITZ-FITOUSSI, et vise à définir l’impact de la culture "au delà du PNB". Cette ambition commencera-t-elle du Vietnam ?
Laure Kaltenbach
Vidéo présentée pendant le Forum ASEF par le Forum d'Avignon : la parabole des Tuileries ou pourquoi l'économie de la culture a ses propres règles
L'IFACCA (International Federation of Arts Council and Culture Agencies) a développé une base de données mondiales des politiques culturelles, avec des correspondants dans chaque pays : worldcp.org
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