Succès populaire et reconnaissance artistique, le Théâtre du Chatelet a-t-il un secret pour expliquer le dynamisme de sa programmation ?
Depuis 10 ans, le Théâtre du Châtelet, sous la Direction générale de Jean-Luc Choplin, a su réinventer une politique artistique innovante, en assumant un positionnement populaire et sophistiqué tout en rénovant son modèle économique : budget de 30 millions d’euros financé à 40% par ses ressources propres et 60 % par une subvention de la ville de Paris s’élevant à 17 millions.
Sur quels leviers, son modèle économique a-t-il innové?
Pour faire face à un budget de plus en plus contraint (la subvention de la Ville en baisse depuis 2013), le Théâtre du Chatelet a su renouveler son modèle grâce à des partenariats public-privé, tout en faisant une priorité de sa mission de service public, et travailler – voir innover – dans plusieurs directions :
Comment la production de « Un Américain à Paris » créée sous la direction de Christopher Wheeldon succès incontestable de la saison 2014/2015 (avec 12 nominations aux Tony Awards) s’inscrit dans cette nouvelle dynamique économique ?
En faisant le pari d’investir deux fois plus que pour ses productions habituelles, et en s’associant avec des producteurs privés, le Théâtre du Châtelet s’est donné les moyens de créer un spectacle à la hauteur de ses ambitions : avec Un American à Paris, il a réussi à trouver le juste équilibre entre répartition des coûts de production incompressibles et les attentes du public, en restant fidèle à sa programmation ambitieuse et éclectique.
D’une part, les coûts et les risques d’un budget total de 11,5 millions d’euros sont partagés entre le Théâtre du Châtelet et un producteur privé américain :
D’autre part, le partage des recettes sur l’exploitation du spectacle - les 40 représentations au Théâtre du Châtelet vendues « sold out » ont dégagé 4 millions de recettes de billetterie - permet d’optimiser les retours sur investissement : le Théâtre du Châtelet a un droit de suite sur les recettes du spectacle à Broadway et aux Etats-Unis en tournée, soit un gain estimé en moyenne à 9000 US $ par semaine et un retour sur royalties annuel sur cette base de 500 000 euros .Ainsi, le Théâtre du Châtelet est assuré d’atteindre son équilibre budgétaire, voire d’augmenter ses ressources propres et de pouvoir réinvestir celles ci dans de nouvelles productions.
Il est cependant très important de signaler que la capacité du Théâtre du Châtelet à inventer et produire n’est possible que par le financement, par la ville de Paris, de ses équipes permanentes et de son théâtre en ordre de marche.
A 17 ans Laurence Marchand fait ses premières armes au Festival de Musique ancienne de Saintes, sa ville natale et décide alors de consacrer sa vie professionnelle à la musique.
Elle commence sa carrière en 1990 au sein du service mécénat de la Caisse des Dépôts et consignations pour la création d’Alliances Opéras (réseau de coproductions lyriques français et international) puis de l’Orchestre National d’Ile-de-France.
En 1991 elle devient Administratrice de La Chapelle Royale-Orchestre des Champs-Elysées et du Festival de musique ancienne de Saintes. Elle contribue alors au rayonnement de ces formations au niveau régional, national et international et à la conclusion d’accords de mécénat importants (Fondation France Telecom, Hennessy…)
Entre 1995 et 1999, elle développe pour l’agence artistique internationale IMG Artists du groupe Mac Cormack les productions du Théâtre Mariinsky / Valery Gergiev, de John Eliot Gardiner, Sylvie Guillem, Yehudi Menuhin et d’autres formations symphoniques internationales à travers le monde. Elle acquiert au sein de ce groupe privé anglo-saxon de solides compétences en gestion et optimisation de l’économie des spectacles et une réelle ouverture sur un réseau international.
En 1999, Laurence Marchand rejoint Jean-Pierre Brossmann en tant que Déléguée générale de production au Théâtre du Châtelet. Elle s’appuie sur son réseau artistique et institutionnel international et ses capacités de gestion issues du monde de l’entreprise privée pour manager de façon créative une programmation lyrique, musicale et chorégraphique s’appuyant sur un vaste réseau de coproductions (Staatsoper Berlin, Théâtre Mariinsky Saint-Pétersbourg, Bunkamura Tokyo…) et lancer une politique audiovisuelle très dynamique dans un contexte d’optimisation des coûts. Elle sert alors des productions associant des artistes tels Robert Wilson, Laurent Pelly, John Neumeier, Pina Bausch, Valery Gergiev, John Eliot Gardiner, Thomas Hampson, Karita Mattila, entre autres, et tisse avec eux des liens privilégiés.
Avec Jean-Luc Choplin nommé en 2006, Laurence Marchand contribue en tant que Directrice de la production et de la coordination artistique à la création d’un nouveau concept de programmation « populaire et sophistiquée » ouvrant l’opéra à d’autres univers artistiques : compositeurs et arts contemporains, cinéma, cultures du monde, arts numériques, « réhabilitation » des grands classiques de la comédie musicale. Le Théâtre du Châtelet remporte son pari d’augmentation et de renouvellement du public. Le réseau de coproductions est conforté et ouvert à de nouveaux territoires (Teatro de la Scala, English National Opera, Opéra de Los Angeles, Teatro Real de Madrid, Teatro Municipal de Sao Paulo, Bamako/ création Opéra du Sahel…)
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